Documentaire, 100 ans du Jazz: Avec : Louis Armstrong, Duke Ellington, Miles Davis, Charlie Parker, Django Reinhardt, Ella Fitzgerald, Count Basie, Benny Goodman, Artie Shaw, Dave Brubeck, Glenn Miller, John Coltrane, Art Tatum, Sarah Vaughan
L'Histoire du Jazz, Mervyn Cooke, Ed Gründ, 2014
ORIGINES
1895 - 1905 Le Ragtime
1° compos publiées en 1890,
1° styles Ragtime et Blues: creuset des traditions d'Afrique, musique occidentale écoutée par les coloniaux, musique religieuse, chants de travail.
RAGTIME "musique de Blancs jouée à la façon des Noirs". Dérive des musiques de danse, Polka, Marche; des chants de travail avec le Banjo. Emprunt au Blues. Disparaît vers 1920 après avoir influencé des compositeurs classiques comme Claude Debussy, Igor Stravinsky.
Il fonde d'autres styles de piano jazz, notamment l'école "stride" de Harlem dans les années 1920 - 1930. Cf STRIDE**
Ses pianistes (de Ragtime) gagnaient leur vie dans les bordels, les bars, emplois possibles pour les noirs après l'émancipation.
1906 - 1909 Nouvelle-Orléans, melting-pot
Les fanfares prospèrent car les instruments étaient disponibles à bas prix après leur cession par les fanfares militaires de la Guerre de Sécession. Marches militaires façon ragtime, morceaux classiques façon jazzy (marche funèbre de Chopin). Ce style fondu avec des éléments du blues inspire les ensembles de jazz style Dixieland.
1910 - 1913 Le Blues
BLUES forme vocale avec improvisation et coloration tonale héritée d'Afrique. Evolue et débouche sur le Boogie-Woogie et le Rock'n'Roll dans les années 1950 et léguer au Jazz sa structure harmonique de 12 mesures devenue universelle, elle aussi fondée sur l'improvisation.
Pas d'enregistrement de blues avant 1920, W C Handy, chef d'orchestre, pianiste, publie les 1° partitions, Memphis Blues ou St Louis Blues à partir de 1912. Meurt en 58, année où Nat King Cole l'incarne dans St Louis Blues, son biopic.
En 1911 le tromboniste Kid Ory et le clarinettiste Sidney Bechet se font connaître.
1914 - 1916 Au seuil du Jazz
1917 - 1929 De la Nouvelle-Orléans à la Côte Est
1° enregistrements de jazz en 1917, prolifèrent en 1923, les centres d'activité musicale s'étaient déplacés vers le nord, à Chicago. et vers l'Est à New-York. Popularité grandissante du Charleston, développement de musique plus animée que la Marche. Dans les années 1920, avec de nombreux pionniers comme Jelly Roll Morton, l'improvisateur virtuose Louis Armstrong, le jazz poursuit son développement.
Duke Ellington, issu de la classe moyenne, il concilia respectabilité sociale et un formidable talent de compositeur. Au Cotton Club de Harlem entre 1927 et 1932, il produit une série de chefs-d'oeuvre adaptés à l'espace des 3' imposé par les limites techniques techniques des enregistrements en 78 tours. Il écrivit ensuite des morceaux beaucoup plus longs.
Mais si le jazz acquiert une respectabilité intellectuelle dans les années 1930, il reste lié à son passé de musique de bordels et des bas-fonds, de consommation illicite d'alcool pendant la prohibition (1919-1933) et ensuite de drogues dures avec décès de musiciens talentueux.
Le Jazz n'a pas ces problèmes de passé en Europe, en particulier il y est dégagé des problèmes sociaux des E-U héritiers des l'esclavage et des conflits raciaux. Au début des années 30, des jazzmen émigrent en France pour un meilleur accueil et statut social.
Rapprochement dans les années 30 des trois courants, classique, populaire et jazz. Le récent succès commercial fait du jazz la musique populaire des dernières années d'avant-guerre. Le jazz symphonique inspire des compositeurs tels George Gershwin et Aaron Copland. Avec les concerts de Benny Goodman et de John Hammond à Carnegie Hall en 1938, le jazz devint enfin une forme d'art digne de l'appréciation des critiques, érudits et publics en tenue de soirée.
Prédominance de l'orchestre "swing", avec saxos, cuivres, solistes virtuoses qui deviendront des vedettes internationales. Les meilleurs orchestre de swing sont dans la région de New-York. En parallèle des orchestres blancs entreprenants se développent avec un succès jusqu'en Europe: Benny Goodman, Glenn Miller. Leur commercialisation est à son apogée à la fin des années 30, mais déclin après la 2° G M.
Début de la révolution du BE-BOP en 1941 quand des "rebelles" comme Charlie Parker, Dizzy Gillespie et Thelonious Monk avec des nouveaux accords et des impro mélodiques jusqu'au "Hard Bop" d'Art Blakey. Cette musique plus inaccessible, sélectionnant des initiés s'alliait à une volonté politique de se réapproprier le jazz par ceux qui l'avaient inventé.
Après ses débuts dans le Bop, Miles Davis devient le plus créatif dans le Jazz d'après-guerre, développant plusieurs styles nouveaux (retrouvés dans le Jazz contemporain). Il crée le style Cool, tempérant ainsi l'agressivité du Bop de la fin des années 40. Cette nouvelle sobriété influence le style West Coast qui se développe à Los Angeles dans les années 50 sous la domination des musiciens blancs. Miles Davis expérimente ensuite le Jazz modal (abandon des progressions d'accords pour des impro sur un ou deux accords). Ses accompagnateurs, dans les années 50 ont révolutionné le jeu de leurs propres instruments: piano pour Bill Evans, saxo ténor pour John Coltrane.
Années 60: talents excentriques avec risques d'impasse, ex Ornette Coleman, saxophoniste.
Années 1965: crise sérieuse, par défection d'amateurs de jazz en faveur du nouveau marché de la musique pop et du rock. Désastre évité par la synthèse par Davis d'éléments tirés du jazz et du rock en un nouveau style hybride, la FUSION. Nouveau son en partie électronique, caractéristique du Jazz des années 70, avec succès commercial. Différence: rejet de la Tonalité, jazz comme musique d'avant-garde peu populaire, mais revendication de la liberté spirituelle et politique revendiquées par les Noirs américains.
Début 80 retour à des styles plus anciens. Wynston Marsalis trompettiste par ex.
1895 - 1916
Ragtime: (ragged: déchiqueté) musique écrite circulant par partitions imprimées (diff pour le Blues né au même moment, plus improvisé). Musique au banjo, puis plus tard au piano.
Le Ragtime incorpore les Blue notes venues du Blues ce qui marque le tournant vers le Jazz. Il disparaît vers 1920 supplanté par le jazz Nouvelle-Orléans. Redécouvert dans les années 40, il donna naissance au 1° grand style de piano: le Harlem STRIDE ( James P. Johnson sera considéré comme son père).
1895, Dvorak conseille aux compositeurs américains d'utiliser les mélodies populaires noires. Charles Ives sera le 1° en 1902 (en 1909: Sonate pour piano N° 1 qui ne sera jouée qu'en 1949). 1902 année de création de la revue Joyeux Nègres à Paris.
Ben Harney et Scott Joplin revendiquent la paternité du Ragtime (musique au banjo...), ils ont publié d'abord à partir de 1895. Scott Joplin (1868 - 1917) avait appris le piano avec un prof allemand, il est "The Entertainer", il voulut faire du Ragtime "la musique classique" de Noirs. Son opéra, Treemonisha, méconnu sera joué en public en 1975. Son oeuvre alors publiée lui vaudra le Prix Pulitzer à titre posthume.
Le cornettiste Buddy Bolden à la Nouvelle-Orléans (N-O) est le principal représentant du style Jazz en 1904, alliant les éléments du ragtime et du blues. (Finit en prison en 1907 sans avoir enregistré).
1907 1° émission de musique classique en TSF à New York.
Fin XIX° New York était devenu le grand centre de l'industrie de l'édition musicale aux E-U. Locaux dans Tin Pan Alley. Ils emploient des "song pluggers", pianistes démonstrateurs. Ils lancent la mode des comédies musicales à Brodway. George Gershwin et Irving Berlin commencent ainsi leur carrière comme "song pluggers". Il deviendront à leur tour des auteurs de chansons comme Cole Porter et Jerome Kern. Ces 4 composèrent de nb standards de jazz. Grands succès et bons revenus à Tin Pan Alley pour les musiciens à cette époque des années 1890.
1915 Jelly Roll Morton publie Jelly Roll Blues 1° publication de style Jazz.
Enregistrements: procédé primitif de Bell ou Edison dans les Années 80: cylindres ou disques de cire peu fidèles au son original mais diffusion de ragtimes. Aussi pour les pianistes enregistrements début XX° sur un rouleau de papier avec des perforations lues ensuite par un pianola par ex (lecture des perforations transformées en mouvements de touches). Disparition après l'arrivée en 1925 de l'enregistrement électrique en studio.
Funky (argot odeur du vagin!) Butt Hall un des nombreux lieux de plaisir à la N-O offrant du travail aux musiciens. Plus de 2000 femmes! Des musiciens issus d'un milieu respectable dont Jelly Roll Morton et Sydney Bechet y travaillaient en secret. D'autres y commencèrent leur carrière comme King Oliver, Louis Armstrong. Storyville fut un havre de paix jusqu'en 1917 où ce quartier fut fermé sous pression de l'US Navy. Des musiciens s'étaient déjà éloignés pour fuir les difficultés économiques croissantes, là ils s'exilèrent en masse, jusqu'à Chicago.
Rien ne popularisa plus le jazz que le titre d'Irving Berlin Alexander's Ragtime Band (1911). Son succès fut tel qu'on l'entendit jusqu'à Vienne.
Claude Debussy (1862 - 1918), admirateur de Wagner, s'éloigne peu à peu des techniques austro-germaniques et cultive un style novateur, antiromantique, base de la musique du XX°. Découvrit probablement le Ragtime avec l'orchestre américain à l'expo Universelle de Paris en 1900. Ecrit Golliwog's Cakewalk dans la suite Children's Corner; 2 préludes pour piano: Minstrels(1910), Général Lavine (1913). Sa musique et celle de son jeune contemporain Ravel influencèrent en retour des musiciens de Jazz (Miles Davis, Bill Evans dans les années 1950).
BLUES
Musique improvisée, venant des chants de plantation, considérée comme partie profane des spirituals populaires. Chant seul puis accompagnement avec seulement la guitare. Pas d'enregistrement avant 1920.
Blue Note: note jouée ou chantée avec un léger abaissement, d'un demi-ton au maximum, et qui donne sa couleur musicale au blues, note reprise plus tard par le jazz. Les notes bleues peuvent être considérées comme des notes ajoutées à la gamme majeure ; ces notes sont les 3e, 5e et 7e degrés abaissées d'un demi-ton. Le terme blue vient de l'abréviation de l'expression anglaise Blue devils (littéralement « diables bleus », qui signifie « idées noires »). La note bleue est utilisée par les musiciens et les chanteurs de blues et de jazz à des fins expressives, pour illustrer la nostalgie ou la tristesse lors de la narration d'une histoire personnelle.
Pendant les années 20, le blues fut reconnu comme proche du Jazz grâce à une large diffusion des disques de chanteuses telles Mamie Smith, Bessie Smith nommé impératrice du Blues. Le Blues fut à l'origine du style piano Boogie-Woogie.
INSTRUMENTS
Cornet moins brillant ainsi que le fluegelhorn (utilisé en jazz en 1930).
La trompette a eu une influence majeure. Dans les années 30 et 40 les orchestres ont jusqu'à 4 ou 5 trompettes avec des solistes talentueux, Roy Eldridge, Louis Armstrong. Jeu be-bop de Dizzie Gillespie. Miles Davis calme le jeu de la virtuosité et du vibrato. Jazz Cool avec jeu de Chet Baker. Miles Davis utilise le 1° la sourdine Harmon.
1917 - 1930
1921 Création du club de Jazz, Le Boeuf sur le toit, à Paris, fréquenté par Satie et Ravel par ex.
1922, Le ragtime agonise, Kid Ory trombone dirige sa formation avec succès, il engage L Armstrong en 1918 à la Nouvelle-Orléans. A Chicago la réputation de King Oliver, cornettiste avec son Creole Jazz Band, roi du Jazz créole, grandit à Chicago et Los Angeles. Il fait évoluer le cornet et surtout la trompette avec différentes sourdines. Son style a inspiré le style "jungle" de Duke Ellington. Louis Armstrong le rejoint dès 1923 comme cornet, par ses impro virtuoses et ses orchestrations sophistiquées il emmènera le jazz encore plus loin.
Paul Hindemith parodie le ragtime dans sa Suite 1922 Piano solo.
1923 Darius Milhaud compose un ballet Jazz en 1923, La Création du Monde. Sidney Bechet (clarinette puis saxo soprano...) enregistre avec le pianiste Clarence Williams qui a aussi engagé Bessie Smith considérée comme la reine du Blues vocal. En 1924 S Bechet enregistre avec Louis Armstrong une compo de ce pianiste-chef, Cake Walkin' Babies from Home à New York. Maurice Ravel compose Blues, un des mouvements de sa Sonate pour violon.
1924 George Gershwin et Paul Whiteman collaborent pour Rhapsody in Blue, le Jazz symphonique va initier un élan de nationalisme musical.
(wiki) L'enregistrement du Livery Stable Blues en 1917 par l'Original Dixieland Jass Band (ironiquement un orchestre de musiciens blancs) est le premier disque qui marque la naissance officielle du jazz. En 1919 il fait une tournée en Europe. King Oliver a été le chef d'un premier orchestre important, le Creole Jazz Band dont fera partie Louis Armstrong.
Jelly Roll Morton a su transformer la musique de ragtime en jazz et a enregistré des chefs d'œuvres avec ses Red Hot Peppers (qui comprenait les meilleurs musiciens de Chicago). Lors de quelques enregistrements spécifiquement destinés au public noir (les race records) Louis Armstrong amena une première évolution décisive du jazz : il jouait avec un orchestre typique de La Nouvelle-Orléans où chacun jouait à son tour. C'est ainsi que le jazz devint une forme de musique en solo.
L'apparition des salles de danse influença le milieu du jazz de deux façons : les musiciens se firent plus nombreux, puisqu'ils commençaient à pouvoir vivre de leur musique, et le jazz – comme toutes les musiques populaires des années 1920 – adopta le rythme 4/4 de la musique de danse.
En 1919, George Gershwin est joué à New York, avec sa 1° comédie musicale La, la, Lucille. Début de tournée européenne de S Bechet, qui adopte le saxo soprano, ça dure 3 ans. Il intègre l'orchestre Duke Ellington. 1° de Piano-Rag-Music d'Igor Stravinsky pour piano, une danse style Ragtime est dans Histoire du soldat.
Années 20, naissance de l'orchestre de Duke Ellington, au Cotton Club, ainsi que de l'orchestre de Count Basie, formé à partir de plusieurs groupes de Kansas City. La danse évolua avec la musique, ainsi naquit au début des années 1930 dans la communauté noire-américaine le Lindy Hop (ou Jitterbug) qui devint un phénomène national dès 1935, avec la popularisation des big bands blancs avec en particulier Benny Goodman.
La lente dissolution de la ségrégation raciale s'amorça au milieu des années 1930, quand Benny Goodman engagea le pianiste Teddy Wilson, le vibraphoniste Lionel Hampton et le guitariste Charlie Christian pour qu'ils se joignent à de petits groupes et à son big band. Au milieu des années 1930, la popularité du swing et des big bands était à son sommet, transformant en stars des musiciens tels que Glenn Miller ou Duke Ellington.
Big Joe Turner, un chanteur de Kansas City qui travaillait avec les orchestres de swing des années 1930 – tels que l'orchestre de Count Basie – devint une star du boogie-woogie dans les années 1940, et fut l'un des précurseurs du rock and roll dans les années 1950, notamment avec son titre Shake, Rattle and Roll.
Dans les années 20, le jazz anime aussi les folles nuits de Berlin avant l'accession au pouvoir des nazis en 1933.
1930 - 1940
Swing: les musiciens blancs exploitent les succès des orchestres noirs pour créer un nouveau style de danse jazzy, le swing, qui traversera la 2° G M et deviendra populaire dans le monde.
1932 à Paris le Hot Club de France naît en 1932 grâce à un groupe d'amateurs de jazz présidé par l'écrivain Hugues Panassié (qui lance le 1° journal jazz: Le jazz Hot en 1934). 1° organisation de ce genre en Europe, il lança son propre quintette (violon, 3 guitares, contrebasse) auquel participèrent Stéphane Grapelli au violon et Django Reinhardt à la guitare.
1934 L'orchestre de Chick Webb et sa jeune chanteuse, Ella Fitzgerald, 16 ans, enchante New York (elle dirigera l'orchestre après la mort de son directeur en 1939). Benny Goodman triomphe à New York avant des succès à Los Angeles puis à l'internationale .
1938 Tournant décisif, Benny Goodman et son orchestre passe à Carnegie Hall, bastion de la musique classique.
1939 Glenn Miller (trombone) et son orchestre à New York, connu rapidement aussi grâce à la radio, succès mondial du swing, "In the Mood", il meurt en 1944. Duke Ellington fait une tournée européenne malgré la crainte des Nazis en Allemagne!
Apogée du saxo avec Coleman Hawkins et le nouveau lyrisme mélodique de son succès "Body and Soul"
1940 - 1950
Le jazz de grand orchestre devient trop commercial, le Be-bop adapté à des formations plus réduites, plus viables économiquement, est destiné à balayer la vogue des grands orchestres. Au début le Bop se fait agressif, avec un langage d'initié, exprimant le désir des musiciens noirs de reprendre l'initiative créatrice en partie d'ordre politique.
1941 Mais dès l'arrivée de Charlie Parker, "Bird", saxo alto, le Be-Bop prend son élan. En raison de problèmes liés à l'évolution économique et musicale (grève des musiciens...) il n'enregistre pas avant 1944.
En 1943, Duke Ellington tourne avec du Jazz symphonique, Fats Waller meurt et Art Tatum lui succède comme roi des pianistes.
Naissance du be-bop (44-49) qui marque une évolution importante axée sur l'habileté technique des musiciens et une plus grande complexité rythmique et harmonique, amenée entre autres par le saxophoniste Charlie Parker (surnommé Bird), le trompettiste Dizzy Gillespie et le pianiste Thelonious Monk. Ce fut un changement majeur pour le jazz.
Avec Birth of the Cool, le trompettiste Miles Davis, qui avait longtemps travaillé avec Charlie Parker, cherche à revenir à une musique plus apaisée et plus accessible. C'est la naissance du mouvement « cool » qui connaîtra un succès particulier auprès des musiciens de la West Coast, et dont les principaux représentants comptent le saxophoniste ténor Stan Getz et le trompettiste Chet Baker. En 1959, Miles Davis crée une nouvelle fois l'événement avec Kind of Blue qui pose les fondements du jazz modal où la structure harmonique des morceaux était encore beaucoup plus libre qu'auparavant.
Le hard bop est une tentative de rendre le bebop plus accessible au grand public, en y incorporant des influences venues de la soul, du gospel et du blues1. Une belle illustration de ce style est le quintet des Jazz Messengers fondé par le batteur Art Blakey avec, pour la première formation Benny Golson au saxophone ténor, Lee Morgan à la trompette, Bobby Timmons au piano et Jymie Merrit à la contrebasse.
1949 1° festival international de jazz à Paris, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Sidney Bechet, Miles Davis... y sont. Les progrès de l'enregistrement aux E-U vont révolutionner l'industrie du disque. Début d'enregistrements de Sarah Vaughan (Sassy: l'effrontée), elle allie la beauté et des dons exceptionnels.
À la fin des années 1950, John Coltrane et Ornette Coleman ouvrent la voie au free jazz, illustré par Archie Shepp, Albert Ayler,Pharoah Sanders, L'Art Ensemble of Chicago et de nombreux autres.
PIANO: suite de Fats Waller:
1950 Earl Hines (chapeau et cigare!) pianiste de tradition est le 1° à s'éloigner du style Stride. Nat King Cole crée un trio autour du piano, puis le quitte pour chanter. Art Tatum, aveugle, forme aussi son trio en 1943, son talent le fait surnommer "Dieu"! Début de carrière de futurs grands: Oscar Peterson et Erroll Garner.
1951 Lancement de la Basse Electrique par la société Leo Fender. Prend toute sa place avec le Jazz Fusion
1953 Retour des bigs bands après l'austérité d'après-guerre, Count Basie et Benny Goodman. Chet Baker trompette devient star du jazz West Coast.
WEST COAST Cette école fut inspirée par Miles Davis et son disque Birth of the Cool (1949) arrangé plusieurs fois par le baryton Gerry Mulligan qui forme un quartet avec Chet Baker en 1952. Ce Jazz présente une grande retenue émotionnelle, ce qui lui vaut le surnom de Cool. Tous ses interprètes étaient blancs et leur physique , leur style nonchalant leur ouvrit les portes d'Hollywood. Ce style fut aussi pratiqué à New York, ainsi le saxo Stan Getz.
1955 Charlie Parker meurt prématurément. Les petites formations de Miles Davis, Art Blakey, et Charles Mingus dominent le Jazz. Le batteur Art Blakey favorise le durcissement du Bop, Hard-Bop. Surtout avec sa 2° formation "Jazz Messengers" en 1955 avec mélodies bluesy et rythme endiablé. Cette formation dura et Keith Jarrett, piano ou Wynton Marsalis en furent membres.
1960 - 1970
1961 Stan Getz, saxo ténor, rentre aux E-U, il se consacre à la Bossa Nova, (nouvelle vague en portugais), mélange commercial de musique brésilienne et de Jazz West Coast, il collabore avec le guitariste Charlie Byrd. Avec les Gilberto il créa The girl from Ipanema, une des 5 chansons les plus jouées de tous les temps.
1962 Jazz américain en Union soviétique, (Benny Goodman ambassadeur mondial du Jazz pour le Département américain, il a aussi été en Extrême-Orient). Quintessence du Bop, Thelonious Monk, pianiste est un compositeur exceptionnel.
1963-64 Progrès en technique d'enregistrement (re-recording), Bill Evans, John Coltrane, Charles Mingus en profitent. Duke Ellington tourne pour le Département d'Etat au Proche-Orient, pourtour méditerranéen, jusqu'à l'assassinat de JF Kennedy fin 63.
Oscar Peterson, pianiste, a du succès depuis les années 50. Un des plus prolifiques en terme de discographie.
1967, fin du quartet de Dave Brubeck après 25 ans de succès. Pianiste californien, un des plus marquants de la 1° génération d'interprètes de cool Jazz.
1968, Herbie Hancock et Chick Corea, qui jouaient aux côtés de Miles Davis, sont alors les phares du piano Jazz. Le free Jazz bénéficie des talents d'Anthony Braxton et de Carla Bley.
Jazz-Rock : Jazz Fusion
Environ dix ans après l'avènement du rock and roll, la forme hybride du jazz-rock fusion apparaît vers 1968 avec Miles Davis, qui publie les albums In a Silent Way et Bitches Brew, mais aussi avec Frank Zappa qui publie le célèbrissime Hot Rats en 1969. Quelques groupes importants du style fusion sont : Chick Corea avec son groupe Return to Forever ; le batteur Tony Williams et son groupe Lifetime (avec John McLaughlin et Larry Young en 1969 plus Jack Bruce en 1970) ; Herbie Hancock et entre autres son album "Head Hunters" qui donnera le groupe les Headhunters qui continuera sa route sans le fameux pianiste; John McLaughlin et le Mahavishnu Orchestra
Pour les claviers, les joueurs importants sont Joe Zawinul,Chick Corea, et Herbie Hancock. Pour la guitare, John McLaughlin, Pat Metheny et Mike Stern. Pour la trompette, Herb Alpert,Randy Brecker, et Miles Davis. Un joueur de saxophone qui a beaucoup influencé l'ère du jazz-rock fusion est Wayne Shortermais également Michael Brecker au style, et virtuosité incomparables . Deux violonistes du style jazz-fusion, qui jouent sur des instruments amplifiés, sont Didier Lockwood et Jean-Luc Ponty.
1980 - à aujourd'hui Concept de 3° voie se développe (Third Stream) avec des métissages exotiques et un retour vers l'Afrique.
1983 Wynton Marsalis, 1° musicien récompensé aux Gramy Awards pour un disque de Jazz (Think of One avec son frère Branford saxo) et un de musique classique. Rockit, tube de Harbie Hancock qui en se tournant vers une musique commerciale, (le funk électronique en pop music), devient une mégastar. (il était enfant prodige et excellent jazzman). Décès à 100 ans du pianiste stride, Eubie Blake (jouant presque jusqu'à la fin!), bien qu'il ait beaucoup bu et fumé!!
Disque de Miles Davis en 1984, il s'orient vers la pop (avec Sting, John McLaughlin guitariste...)
Le jazz a absorbé des influences de sources aussi disparates que la world music, la musique contemporaine ou les rythmes africains, et utilisant plus couramment la gamme chromatique (avec des musiciens comme Ornette Coleman, Arthur Doyle ou John Zorn).
1986-1988 Disparition de Benny Goodman, Teddy Wilson, Thad Jones, Woody Herman, Gil Evans, c'est la fin d'une époque.
1989-90 Hommages à Art Blakey, Jazz Messengers, représentant du Jazz classique. Dizzy Gillespie fait 300 concerts dans 30 pays en 89!! Quincy Jones rassemble des talents pour Back on the Block, mélange de bop et musiques populaires dont le rap. Le trio de Keith Jarrett enregistre des standards pour ECM.
Succès du groupe de Chick Corea qui a revivifier la Fusion dans les années 80 avec son batteur Dave Weckl.
Ornette Coleman et son quartet, il fit un retour remarqué dans les années 90. Il est artiste de l'année en 97.
1998 Phil Collins, leader de Genesis depuis les années 70, tourne (sans chanter!) avec son propre groupe de Jazz pour interpréter en jazz ses succès et élargir ainsi le public du jazz.
ANNÉES 2000
2002 Hiromi Uehara (japonaise), pianiste et compositrice, enregistre son 1° album. Mort de Lionel Hampton vibraphoniste à 92 ans. Peggy Lee, doyenne de la chanson, avait été célébre au temps du Swing avec Benny Goodman.
Des chanteurs de jazz populaires remportent les plus grands succès internationaux par des reprises de Swing et d'airs classiques. Succès dans les années 90 de Harry Connick Jr.
Dans cette vague on retrouve la star du label Take That, Robbie Williams: Swing when you're Winning en 2001, avec des standards de Nat King Cole, George Gershwin, Duke Ellington. En GB, le pianiste et chanteur Jamie Cullum en 2003, avec Twentysomthing est le plus vendeur de l'histoire du Jazz anglais.
Autre crooner, Michael Bublé, canadien (comme Sinatra, ou comparé à Bobby Darin ou Tony Bennett).
Chanteuses: Diana Krall (aussi pianiste hard bop, chanteuse alto, canadienne mariée avec Elvis Costello), Norah Jones avec son album Come away with me.
Cassandra Wilson, E-U, consolide sa carrière.
Août 2005, l'ouragan Katerina dévaste la Nouvelle Orléans.
2007 Mort d'Alice Coltrane, épouse de John et pianiste; Michael Brecker (saxo, modèle de toute une génération Jazz); Oscar Peterson.
Le 50° Monterey Jazz Festival en 2007 réunit Ornette Coleman, Dave Brubeck, Sonny Rollins et de nb jeunes du Jazz.
2008 Herbie hancock remporte pour la 1° fois depuis 64 le grammy de l'album de l'année pour River: The Joni Letters.
2010 Pat Metheny et son groupe continue sur sa lancée.
1° Festival international de Jazz, Nice en 1948, organisé par Hugues Panassié et le Hot Club de France. Dizzy Gillespie qui a exporté le Be-Bop vers l'Europe s'y produit. Ainsi que All Stars de Louis Armstrong auquel se joint Earl Hines.
STRIDE**
Jelly Roll Morton dans ses enregistrements historiques de 1938 procède à une "jazzification" de Ragtimes connus. C'était en cours depuis 1910 avec la diffusion des rouleaux des Rags enrichis de variations mélodiques au tempo accéléré (fâchant les adeptes des ragtimes classiques).
Cela donne naissance au jazz pianistique, Harlem Stride car né dans ce quartier noir de New York et lié aux strides (enjambées) de la main gauche pour plaquer les accords. Ce style est plus jazzy avec des Blue Notes, du Swing et de l'impro.
Ces pianistes étaient des virtuoses, toujours très bien habillés (chapeau et cigare même en jouant!), et bien formés en musique classique. Willie "The Lion" Smith par ex s'inspirait d'oeuvres de Grieg ou Debussy pour nommer ses titres "impressionnistes". Jusqu'à l'avènement du Be-Bop dans les années 40, tous les pianistes de jazz étaient formés au Stride (encore pour Dick Hyman et Ralph Sutton par ex.)
Le plus grand fut James P. Johnson, père du style Stride. Il a créé le Charleston et composé du Jazz symphonique (oubliées!). Mais il sut adapter son style aux évolutions du Jazz. Il continua à enregistrer des musiques de revues jq ds les années 40. Protégé de Johnson, Thomas "Fats" Waller assura la pérennité du style tout au long des années 30.
LES GRANDS NOMS
Louis Armstrong Louis Armstrong (prononcé « Louis » à la française), né le 4 août 19011 à La Nouvelle-Orléans en Louisiane et mort le 6 juillet 1971 à New York, également connu sous les surnoms de Satchmo (pour satchel-mouth, littéralementbouche-sacoche) ou Pops2, est un musicien américain de jazz.
Son talent de trompettiste, son charisme, ses qualités de show-man et sa personnalité généreuse ont forgé au fil du temps sa renommée internationale. Il a créé un nouveau style vocal, lescat, ce qui a fait de lui l'un des chanteurs de jazz les plus influents de son époque. Durant plus de quarante ans, de tournées en tournées, Louis Armstrong restera le meilleur ambassadeur du jazz à travers le monde entier.
Duke Ellington Edward Kennedy « Duke » Ellington est un pianiste, compositeur et chef d'orchestre de jazz américain, né le 29 avril 1899 à Washington D.C. et mort le24 mai 1974 à New York. Son orchestre était un des plus réputés de l'histoire du jazz avec celui de Count Basie,
Louis Armstrong et Bessie Smith enregistre St Louis Blues en 1914, un standard des plus populaires de Blues.
Billie Holiday Billie Holiday, de son vrai nom Eleanora Fagan, née à Baltimore le7 avril 1915 et décédée à New York le 17 juillet 19591, est une chanteuse deblues et de jazz américaine, considérée comme l'une des plus grandes chanteuses que le jazz ait connues. Avec Ella Fitzgerald et Nina Simone, elle est l'une des principales représentantes du jazz vocal.
Joséphine Baker Joséphine Baker, née Freda Josephine McDonald le 3 juin 1906 à Saint-Louis (Missouri) et morte le 12 avril 1975 dans le 13e arrondissement de Paris, est une chanteuse, danseuse et meneuse de revue. D'origine métissée afro-américaine et amérindienne des Appalaches, elle est souvent considérée comme la première star noire. Elle prend la nationalité française en 1937 et, pendant la Seconde Guerre mondiale, joue un rôle important dans la résistanceà l'occupant. Elle utilisera ensuite sa grande popularité dans la lutte contre leracisme, et pour l'émancipation des Noirs, en particulier en soutenant leMouvement des droits civiques de Martin Luther King.
Caroline Dudley Reagan. Cette mondaine, épouse de l'attaché commercial de l'ambassade américaine à Paris Donald J. Reagan, voit en Joséphine Baker un grand potentiel. Elle lui offre donc un salaire de 250 dollars par semaine si celle-ci accepte de la suivre en France, où Reagan veut monter un spectacle dont Joséphine Baker sera la vedette et qui fera d'elle une star : la Revue nègre5. Le 2 octobre 19257, elle passe en première partie dans la Revue nègre au Théâtre des Champs-Élysées. Vêtue d'un simple pagne de bananes, elle danse sur un rythme de charleston — musique alors encore inconnue en Europe — l'interprétation d'un tableau baptisé La Danse sauvage. Le scandale fait rapidement place à l'engouement général. Elle devient l'égérie des cubistes qui vénèrent son style et ses formes, et suscite l'enthousiasme des Parisiens pour le jazz et les musiques noires.
Ella Fitzgerald
John Coltrane
Benny Goodman
Count Basie
Charlie Parker
Keith Jarrett
Charles Mingus (meurt en 1979 à 56 ans),
Vidéo, histoire vue de France https://www.youtube.com/watch?v=jyzfJIy9a6k
100 ans du Jazz, http://www.rfi.fr/emission/20131012-100-ans-jazz/
Si le mot «Jazz» est apparu pour la première fois, le 6 mars 1913, dans un journal de San Francisco, doit-on pour autant considérer que le jazz est une musique centenaire ?
Tous les spécialistes s'accordent à dire que Louis Armstrong fut le premier grand improvisateur au début du XXème siècle. Son interprétation de «West End Blues», le 28 juin 1928 à Chicago, marque les prémisses d'une révolution musicale majeure. Mais que dire des enregistrements antérieurs des musiciens de Ragtime ? L'avènement du phonographe en 1877 immortalisa, sans doute, les échos sonores de virtuoses qui furent peut-être les jazzmen originels...
De 1913 à 2013, des centaines de musiciens agiles ont, en tous cas, accompagné les soubresauts de l'Amérique noire en ponctuant leurs œuvres de revendications plus ou moins explicites, mais toujours vibrantes. Ce reflet éclatant d'un sombre quotidien rejaillit dans le répertoire des Charlie Parker, Charles Mingus, Miles Davis, John Coltrane ou Archie Shepp. Le récit de leurs aventures musicales met en relief un siècle d'engagement créatif symbolisé par le concert magistral donné par deux maestros, Ahmad Jamal (82 ans) et Yusef Lateef (92 ans), le 27 juin 2012 à l'Olympia à Paris.
Exposition http://www.quaibranly.fr/fr/programmation/expositions/expositions-passees/le-siecle-du-jazz.html
1. AVANT 1917
Il est évidemment impossible de dater précisément la “naissance” du jazz. Mais depuis longtemps, on s’accorde à considérer l’année 1917 comme une charnière décisive. Cette date est marquée par deux événements décisifs : l’un est la fermeture de Storyville, le quartier réservé de la Nouvelle Orléans, dont les célèbres lieux de plaisir ont été l’un des creusets du jazz (creuset dont la disparition provoquera l’immigration des musiciens vers le nord des États-Unis, Chicago et New York en particulier) ; l’autre événement-charnière est l’enregistrement sinon du premier disque de jazz, du moins du premier disque affichant le mot « jazz » sur sa pochette (ou, plus exactement : « jass »). Ce 78 tours de l’Original Dixieland ‘Jass’ Band comportait deux titres : Livery Stable Blues et Dixie Jass Band One Step.
Les signes avant-coureurs — minstrels, gospel, cake-walk, ragtime… — du phénomène musical qui s’apprêtait à bouleverser le siècle ont inspiré de nombreux artistes bien avant cette date : les Afro-américains, les Américains comme Stuart Davis ou les Européens comme Pablo Picasso.
2. « JAZZ AGE » EN AMÉRIQUE 1917-1930
Cette deuxième section rend compte de la fantastique vogue du jazz qui marque la culture américaine après la première guerre mondiale. Cette vogue est telle qu’après son utilisation par F. Scott Fitzgerald en titre de l’un de ses livres, l’expression « Jazz Age » sera régulièrement reprise pour qualifier l’époque toute entière, voire une génération, et plus seulement sa bande son.
Cette section s’ouvre par l’œuvre de Man Ray précisément intitulée Jazz (1919) et réunit divers autres artistes américains ou résidant aux Etats-Unis comme James Blanding Sloan, Miguel Covarrubias ou Jan Matulka.
The King of Jazz, l’extraordinaire film de John Murray Anderson dédié à Paul Whiteman, marque comme un bouquet de feu d’artifice la fin de ces années qu’on a aussi dites « folles ».
3. HARLEM RENAISSANCE 1917-1936
L’un des faits les plus remarquables de cette période du « Jazz Age » est l’émergence à Harlem (mais aussi dans d’autres grandes villes américaines) d’une culture afro-américaine. La musique en est certainement l’aspect majeur.
Sous la houlette de quelques figures incontournables comme Carl van Vechten et Winold Reiss, de nombreux artistes (africains-américains ou non) produisent au cours des années 20 une quantité considérable d’œuvres tant littéraires que visuelles qui trouvent souvent dans la musique bien plus qu’un sujet de prédilection. Cette section de l’exposition est l’occasion de découvrir entre autres peintures, dessins et illustrations d’Aaron Douglas, d’Archibald Motley, de Palmer Hayden et d’Albert Alexander Smith.
4. « JAZZ AGE » EN EUROPE 1917-1930
L’histoire est assez bien connue de la découverte par les Européens des rythmes syncopés apportés par l’orchestre militaire de James Reese Europe, lequel fut bientôt suivi par les spectacles venus de Harlem et, tout particulièrement, par la célébrissime Revue nègre qui fit de Joséphine Baker la coqueluche de Paris - et de Paul Colin une star de l’affiche artistique.
De Jean Cocteau à Francis Picabia, de Kees van Dongen à Fernand Léger, le virus du jazz pénètrera durant l’entre-deux-guerres tous les aspects de la culture du vieux continent. Dès 1918, le dadaïste Marcel Janco intitule Jazz une toile importante… Cette section évoque également les séjours à Paris de quelques unes de figures de la Harlem Renaissance, tel Albert Alexander Smith.
Il reviendra à Paul Colin le soin d’illustrer ce « Tumulte noir » par le biais de son fameux portfolio.
5. LES ANNÉES SWING 1930-1939
Au « Jazz Age » succède la mode du Swing et des grands orchestres, tels ceux de Duke Ellington, Count Basie, Benny Goodman ou Glenn Miller, qui feront danser les foules sur le volcan des années trente.
Avec l’avènement du cinéma sonore, de nombreux films témoignent de cette époque, et de prestigieux artistes puisent leur inspiration dans la séduisante pulsation syncopée du jazz, comme Frantisek Kupka ou le réaliste régionaliste Thomas Hart Benton. Durant cette période, la plupart des artistes apparus dans le contexte de la Harlem Renaissance, comme Carl van Vechten, ont naturellement continué de travailler tandis que d’autres peintres afro-américains comme William H. Johnson commencent leur carrière.
6. WAR TIME 1939-1945
La seconde guerre mondiale marque de façon dramatique toute la culture mondiale. Musiques aux armées et autres V-Disc seront sur tous les fronts. Du coup le jazz et ses répercussions dans d’autres domaines artistiques n’échappent naturellement pas aux atteintes de ce cataclysme. Ainsi, c’est pendant ces années que Piet Mondrian, émigré à New York, découvre le Boogie Woogie qui détermine de façon essentielle ses derniers chefs d’œuvre. Pendant ce temps-là à Paris, alors que l’accoutrement (Zoot Suit !) des “Zazous” — probablement baptisés ainsi à partir d’un morceau de Cab Calloway — manifeste de façon ironique une opposition, certes sans grand risque, à l’occupant, Dubuffet se prend quelques temps de passion pour la musique qu’écoutent ces jeunes gens et en tire quelques superbes tableaux et de très vivants dessins. Matisse, quant à lui, élabore son célébrissime Jazz en 1943 … Côté danse américaine, le Jitterbug est maintenant le pas du jour, salué par une magnifique série de peintures dues à William H. Johnson.
Evénement d’importance primordiale pour le futur, la fin de cette décennie voit un tout jeune graphiste encore inconnu, nommé Alex Steinweiss, produire pour Columbia la première pochette de disque…
7. BEBOP 1945-1960
La fin de la guerre coïncide avec l’avènement du Bebop, révolution musicale lancée par Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Miles Davis et quelques autres. Le jazz devient moderne.
Côté peinture, l’expressionnisme abstrait, ou Action Painting, s’apprête à voir le jour. Quelques-unes des figures qui en seront les vedettes trouvent leur inspiration non seulement chez les artistes européens exilés aux Etats-Unis pendant la guerre, mais aussi dans la musique de jazz qu’ils écoutent sans discontinuer, tel est le cas de Jackson Pollock. Figuratif, mais proche par l’esprit de ce mouvement, le peintre Larry Rivers, également saxophoniste, dédie plusieurs tableaux à la musique qui le passionne. Artiste afro-américain, figuratif mais indubitablement moderniste, Romare Bearden produit alors de nombreuses œuvres liées à la musique de sa communauté. En Europe, un Nicolas de Staël dédie certaines de ses plus importantes peintures à une musique qui attire encore des foules de jeunes gens…sur le point de se tourner vers le rock.
Cet après-guerre voit également surgir, avec le microsillon, un nouveau champ artistique, mineur mais passionnant : celui de la pochette de disque (Record Cover). Anonymes ou célèbres, comme Andy Warhol, des dizaines de graphistes vont s’adonner à l’exercice de séduction du mélomane au format 30 X 30 cm. Grand consommateur d’images, cet art très appliqué offrira à certains grands noms de la photographie, notamment à Lee Friedlander, un commencement de carrière étincelant. D’autres photographes franchement spécialisés, comme Herman Leonard, s’y conquièrent une notoriété considérable.
Le cinéma des années cinquante s’est souvent laissé contaminer par ce jazz moderne, si facilement capable d’adapter ses rythmes et ses couleurs expressives aux images en noir et blanc d’alors : parmi des dizaines d’autres longs métrages, en témoignent emblématiquement l’Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (avec la musique de Miles Davis) ou le Shadows de John Cassavetes (avec celle de Charlie Mingus).
8. WEST COAST JAZZ 1949-1960
La vulgate de l’histoire du jazz veut que le Bebop ait été noir et new-yorkais et que lui ait répondu, à l’ombre des studios de cinéma de Hollywood, un West Coast Jazz, si « frais et raffiné » que certains n’ont pas manqué de le juger efféminé. A nuancer considérablement, cette façon de voir les choses n’est pas complètement fausse. La comparaison du graphisme des compagnies de disques basées sur chacune des côtes illustre cette opposition : plages ensoleillées et blondeur virevoltante à l’ouest des photographies de William Claxton, lettrage géométrique et portraits de musiciens noirs à l’est… De nombreux jazzmen fameux de la côte Ouest, le plus souvent blancs il est vrai, gagnent alors confortablement leur vie en concoctant les musiques du cinéma hollywoodien, qui porte donc leur trace si caractéristique… Cela ne les empêche pas d’aller jammer le dimanche dans des clubs dont la Lighthouse d’Howard Rumsey restera le symbole.
9. LA RÉVOLUTION FREE 1960-1980
En 1960 paraît l’album Free Jazz d’Ornette Coleman. Avec son titre à double entente (« libérez le jazz / jazz libre »), ce disque dont la couverture s’ouvre sur une reproduction du White Light de Jackson Pollock, marque une nouvelle redistribution des cartes : après la période moderne, vient le moment de l’avant-garde libertaire…
À cette “révolution Free” contemporaine des mouvements de libération des noirs — Black Power, Black Muslims, Black Panthers… — répondent dans les arts plastiques les travaux d’artistes comme le météorique Bob Thompson. Cette période est aussi celle où, liberté aidant, l’Europe donne sa version de la Free music, dans des performances parfois proches de l’esprit Fluxus. Parmi les nombreux effets de cette ouverture, on peut signaler Carnet de notes pour une Orestie africaine (Appunti per un Orestiade africana), l’étonnant brouillon de film dans lequel Pier Paolo Pasolini invita les improvisations du free jazzman Gato Barbieri à rencontrer à la fois Eschyle et l’Afrique.
10. CONTEMPORAINS 1980-2002
Les arts plastiques ont commencé à recourir régulièrement à l’adjectif “contemporain” au détour des années 60, probablement parce que le terme “moderne” ne collait plus très bien aux nouvelles formes alors en gestation. L’expression “jazz contemporain”, en revanche, n’est pas passée dans les mœurs : dans les “Mondes du jazz” (pour reprendre le titre d’un livre d’André Hodeir), les époques cohabitent et, aujourd’hui, se marient et se mêlent parfois. L’exposition donne un aperçu des deux dernières décennies en soulignant la prédominance de trois pôles : le premier, sous la houlette de Wynton Marsalis, historicise le Bebop de façon presque académique, à l’instar de la musique dite classique, et l’invite régulièrement "uptown" sur les scènes distinguées du Lincoln Art Center de New York ; le second, avec John Zorn pour chef de file, poursuit et développe la tradition libertaire et avant-gardiste héritée du Free et s’est installé "downtown" dans de petits clubs plus ou moins autogérés, où est souvent célébrée la composante juive — Great Jewish Music, annonce le titre d’une série de disques dirigée par Zorn où figure notamment un album d’hommage à Serge Gainsbourg ; le troisième est, tout simplement, le reste du monde, et en particulier l’Europe où de nombreux musiciens de grand talent démontrent chaque jour l’universalité du jazz et de ses multiples descendances sans faire plus que cela référence à un modèle américain.
Aussi, la présence du jazz dans les arts contemporains reste considérable. En témoignent nombre de tableaux imprégnés de Black Music peints par Jean-Michel Basquiat au cours de sa brève carrière, telle ou telle vidéo d’Adrian Piper ou de Lorna Simpson, ou encore cette admirable photographie de Jeff Wall inspirée par le prologue de The Invisible Man de Ralph Ellison.
Titrée Chasing the Blue Train, la grande installation réalisée en 1989 par le mythique artiste afro-américain David Hammons - avec son petit train jouet toujours en marche, ses tas de charbon et ses caisses de piano dressées sur le flanc - fournit à l’exposition tout entière la conclusion suivante : si le XXème, ce siècle du jazz, est bel et bien fini, le train de la musique qui l’aura accompagné, plus peut-être que tout autre, est quant à lui toujours en mouvement.